jeudi 26 juillet 2012

Impressions après 10 jours

Après des demandes insistantes du staff de la campagne de fouilles, nous avons préparé un mini-bilan de nos impressions au bout de quasiment de deux semaines à Azeka, pour le blog officiel.

"Quatre étudiants français participent aux fouilles ? Nous serons très heureux d'avoir vos impressions sur ce qui se passe ici ! Nous avons donc essayé de nous débarrasser de notre accent et de notre honnêteté français pour ces quelques éléments de réponse.
Nous trouvons tout le monde sympathique. Nos superviseurs ? Ils sont... beaux !!! Nos moments préférés dans la journée sont le petit dejeuner, apres 4 heures de travail et avant 3 autres, et la bière après diner et le cours du soir. D'ailleurs, la nourriture est excellente.
Les fouilles elles-mêmes (piocher, bêcher, pelleter, balayer, brosser, remplir des sacs de sable, vider des seaux de terre) se passent bien, en particulier tant que le soleil ne chauffe pas trop !
Nous sommes plus partagés sur les cours et les visites d'autres chantiers de fouilles de la région: le programme est très intense, mais d'un autre côté, c'est passionnant de découvrir différentes facons de mener des fouilles, d'en interpréter les résultats, d'apprécier différentes facons d'appréhender la région, etc.
Ce que nous aimons le moins ? Monter et descendre les outils jusqu'aux zones de fouilles, la connexion WiFi aléatoire, la chaleur en fin de matinée... Mais ce ne sont que des broutilles. Nous avons beaucoup de reconnaissance pour toute l'équipe qui se démené avec des beaux résultats ! Il y aura encore des Français à Azeka dans le futur !"

samedi 21 juillet 2012

Semaine 1 en résumé

Les compte-rendus ne sont pas quotidiens, mais voici quelques éléments marquants de la semaine depuis le lavage de poterie de lundi.

 

Les sessions de travail de mardi et mercredi ont été écourtées d'une heure (au lieu de faire de 5h à 13h, on s'arrêtait à midi) en raison de la canicule exceptionnelle qui touche la région (43 degrés enregistrés mercredi), et qui nous change tellement de la météo hexagonale ! Le travail est assez physique vu qu'on est encore très proche de la surface sur le Tel.

 

Azeka n'en est qu'à sa première semaine de sa première session de fouilles. Au moins onze saisons (une par année) sont programmées, notamment avec le financement de M. Lautenschläger, un mécène allemand. Nous avons eu des exposés des responsables d'autres chantiers de fouilles dans la région: l'ancienne capitale philistine Gath/Tel es-Safi, et de Beth-Schemesch, à proximité de notre lieu de résidence. Nous avons visité le premier de ces sites mardi après-midi. Il est ouvert depuis 15 ans... et livre toujours plus de questions aux archéologues ! Le second sera visité plus tard ans la saison; il est quant à lui ouvert depuis... 22 ans ! Du coup on est curieux de voir à quoi ressembleront les parcelles que nous fouillons dans quelques années !

 

Pour l'instant, nous mettons à jour des éléments d'architecture plus ou moins récents (murs intacts, murs éboulés, autres agencements de pierres...), des poteries antiques ou de l'Age de Fer, quelques morceaux d'os, mais aussi des déchets plus récents (on n'aime pas beaucoup trouver des emballages de barres de céréales à consommer avant 1998 ou des bouteilles en plastique à une profondeur d'un mètre...).

 

Jeudi soir, l'équipe de chaque zone de fouilles a présenté un diaporama ou un film avec le bêtisier de la semaine avant que le barbecue ne soit servi. Oui, question alimentation, on est gâtés, très gâtés ! Et toujours dans la fin de semaine, la deuxième partie de vendredi matin a été consacrée à une visite de chaque zone de fouilles de la butte pour voir ce que chacun fait et trouve !

 

J'oubliais ! De mardi à jeudi, la butte servait aussi de lieu d'entraînement d'une unité de Tsahal, l'armée israélienne. Jeudi matin, embouteillage à 5h: c'était la fête de fin de service pour l'unité. Sono, familles apportant des plats... et surprise pour eux de nous trouver là !

 

Ce week-end, repos à Tel Aviv, où nous sommes arrivés vendredi après-midi. Hôtel à 50 mètres de la plage, eau très chaude, agitation urbaine... Un mini dépaysement qui n'est pas sans évoquer la Californie. Reprise des fouilles à Azeka dimanche après-midi.

mercredi 18 juillet 2012

En attendant de nouveaux billets...

Sur Facebook, "likez" la page The Lautenschlager Azekah Expedition pour voir plusieurs dizaines de photos des premiers jours...

Et le blog officiel, en anglais, vient d'etre mis en ligne !

lundi 16 juillet 2012

Jour 1 et 2 en photos


15 juillet, la butte d'Azeka vue du bus... On va creuser là-haut !



17h, Oded Lipschits, professeur de l'Université de Tel Aviv, responsable de la campagne de fouilles à Azéka, nous présente la vallée d'Elah, dominée par... Azeka.


Zoom sur la vallée.


On apporte le matériel sur les parcelles.


 Sur la parcelle S1 (sud), Keren, superviseur de la parcelle, donne les premières instructions.

Lundi 16 juillet... 5h, levés depuis 1h, retour sur le site. Où nous arrivons juste avant le lever du soleil !


5h30, toujours sur la parcelle S1. On reprend le travail de la veille.


9h. "Grande" pause, pour un petit déjeuner en effet substantiel...



On a dans la matinée un détecteur de métaux qui passe... et déniche une cartouche.


Toujours S1, en regardant vers le bas, avec tout au fond la parcelle S2.


Dans l'après-midi, explication pour le nettoyage des poteries déjà collectées.


Camille et Sophie (notamment) à l'oeuvre...


Résultat du nettoyage de David.

Et c'est tout pour aujourd'hui.

dimanche 15 juillet 2012

Le jour d'avant, et le premier jour

Samedi 14 juillet

Paris sous une éclaircie, dans une atmosphère de calme et de silence inhabituels, en ce jour de Fête nationale. Toute l'équipe se retrouve à 15h pour le RER direction l'aéroport. Tout se passe bien, de l'embarquement à Roissy-Charles-de-Gaulle, en passant par le vol très court jusque Zürich, où l'escale est là aussi sans aucune péripétie (si ce n'est les mugissements enregistrés dans la navette entre deux terminaux). De Zürich à Tel Aviv, là encore, la Swiss fait bien les choses.

Dimanche 15 juillet

4h du matin, nous atterrissons; en moins de 30 mn, nous passons le contrôle des passeports (on verra au retour, mais malgré quelques questions inhabituelles, on ne tombe pas sur la douane israélienne que l'on nous avait annoncé, avec des interrogatoires poussés) et récupérons nos bagages. Sans surprise, le premier contact avec Israël, via l'aéroport donc, aseptisé, n'est pas un trop grand choc. On change euros en shekels, on prend jus de fruits et cafés (parce qu'on n'a pas vraiment dormi dans l'avion)... Puis taxi, pour arriver à la gare routière de Tel Aviv. Ambiance glauquissime à 6h du matin. Deux Israéliens sur trois que nous croisons sur place (il y en a des centaines) sont des militaires, avec le fusil en bandoulière. Choc, prévisible, mais choc quand même. Le second, c'est que la "consigne" de la gare n'est autre que la cuisine d'un vendeur de pizzas... On quitte le lieu en quête d'une terrasse, mais il faut tourner un peu dans un quartier bien déshérité avant de trouver une petite épicerie, où il faut tuer le temps... Le thermomètre grimpe peu à peu, dès 9h on cuit... Retour à la gare routière où on se rend compte que notre point de rendez-vous est... à la gare ferroviaire ! Quelques péripéties plus loin, on arrive sur place, bien en avance. Le groupe se constitue peu à peu, on est soulagés de monter dans le bus climatisé pour Azeka ! Les retards (pour récupérer un portefeuille oublié sur un banc, gentiment récupéré par un passant; la circulation) s'accumulent.

En arrivant, quelques contretemps, certaines cabanes ne sont pas prêtes, on commence à compter les heures depuis notre dernière douche... Un petit briefing, avec toute l'équipe, extrêmement sympathique, et chacun se présente. Beaucoup d'étudiants (israéliens et internationaux) de l'Université de Tel Aviv, des groupes venant d'Angleterre (Nottingham, d'autres...), des Etats-Unis, d'Australie... et nous, les Frenchies, avec l'accent qui nous identifie rapidement !

Toujours pas le temps de s'installer, nous nous changeons entre deux portes pour aller sur le site des fouilles ! Nous y arrivons vers 16h30. Notre superviseur, Oded Lipschits, nous montre la vallée d'Elah, et nous partons rapidement sur les zones de fouilles qui nous ont été assignées.

Brouettes, pioches, bêches, seaux... quelques consignes de sécurité plus tard, nous sommes à l'oeuvre ! Et on commence à déplacer de la poussière d'un point A à un point B. L'après-midi s'achève sur ce premier travail de terrain. On rentre au campement, où nous attend le dîner...

Crevés (nuit blanche) et pas mal d'émotions plus loin, on sirote une bière, en discutant théologie et en rédigeant cette note. Un câble oublié dans la cabine la plus éloignée du spot Wifi fait reporter à demain les premières photos...

A très vite !

vendredi 13 juillet 2012

Azéka... c'est où ?

Captures d'écran de Google Maps, d'abord en mode "carte", avec Tel Aviv et Jérusalem...


... et en mode "satellite", à petite échelle, où l'on distingue quand même la butte où nous allons "fouiller" !


jeudi 12 juillet 2012

Azéka dans la Bible, mini-concordance


Pas moins de sept mentions d'Azéka dans la Bible, toutes dans l'Ancien Testament...
Pour les découvrir, cliquez ici.

mercredi 11 juillet 2012

Ce que nous avons vu lors de nos cours à l'IPT...

... et qui concerne, plus ou moins directement, cette campagne de fouilles à Azéka.

A propos de la recherche historique et archéologique en lien avec l'Ancien Testament et l'histoire d'Israël

"Alors que jusqu'à la moitié du vingtième siècle, il s'agissait de vérifier la validité de la Bible dans les recherches, notamment archéologiques, les postulats de départ sont aujourd'hui plus ouverts. Néanmoins, comme toute fouille est irréversible et détruit son environnement, une démarche de relecture des découvertes opérées sur un site présente d'importantes difficultés. Le caractère lucratif du sujet et ses enjeux théologiques, culturels, sociaux et même politiques tendent à faire croître le risque de falsification. Hormis l'archéologie, tout écrit (qu'il s'agisse de fragments de documents administratifs, de stèles funéraires, ou de lettres) constitue une source historique. Elles sont rares avant le neuvième siècle avant notre ère. Les travaux d'historiens grecs ou latins sont quant à eux de seconde main, et donc déjà affectés par plusieurs traitements. Quant à l’Ancien Testament lui-même, il contient nombre d’éléments qui le rendent particulièrement attractifs comme source fiable pour l’histoire d’Israël : généalogies, récits de règnes, événements-clés avec des dates charnières… La chronologie présente une cohérence, des récits mythologiques des origines jusqu’aux exploits des Maccabées. Mais la mise à l’écrit des différents livres est souvent survenue plusieurs siècles après les faits relatés. La volonté des rédacteurs n’est pas d’établir la véracité des récits, mais de transmettre des orientations théologiques, une entreprise qui correspondait aux nécessités des différentes époques de rédaction. Les historiens du peuple d’Israël dans l’Ancien Testament se positionnent donc entre deux attitudes extrêmes, la première considérant « vraie » ce qui concorde dans la Bible et dans les sources extra-bibliques fiables, la seconde donnant priorité et primauté au texte biblique, considéré comme vrai, sauf si les documents externes fiables les contredisent en mettant à jour des arguments diamétralement opposés.
Fiche de lecture de 1ère année de Licence, dans le cadre du cours Introduction à l'Ancien Testament de Corinne Lanoir
A partir de Macchi Jean-Daniel, "Histoire d'Israël, des origines à l'époque de la domination babylonienne", in Römer T., Macchi J.-D. et Nihan C. (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, 2ème édition, Labor et Fides, Genève, 2009 
 

A propos de l'histoire d'Israël, depuis le roi David jusqu'à l'exil à Babylone

"Un deuxième temps dans l’âge du fer, au basculement des deuxième et premier millénaire, se caractérise par la diversification de l’agriculture. Les olives et le vin ne correspondent plus au modèle vivrier, mais sont destinés au commerce. C’est dans ce contexte que les sociétés se développent, les appareils étatiques se mettent en place. Les livres de Samuel et des Rois, dont la rédaction suit de peu les événements, donnent des éléments sur la constitution du royaume, tout en l’idéalisant fortement. Qu’un groupe se soit renforcé au point de tenir tête aux Philistins, qu’un chef de bande du sud soit en mesure de prendre le pouvoir à Hébron puis à Jérusalem semble assez vraisemblable. Les traces d’un royaume puissant ayant Jérusalem pour capitale semblaient attester le faste des règnes de David et de Salomon, au dixième siècle. Mais l’archéologie israélienne remet en cause cette thèse concordante avec la Bible en datant du neuvième siècle les constructions retrouvées ; Jérusalem au dixième siècle n’aurait été qu’une bourgade, en tous cas pas la capitale politique et administrative d’un empire !
(...)
A la fin du neuvième siècle, alors que la pression assyrienne augmente, Damas prend le pas sur Israël avant que ce dernier ne reprenne le contrôle de la Galilée et de la Transjordanie. L’Assyrie impose son joug, mais le commerce se poursuit, avec l’huile d’olive et l’élevage de chevaux. On remarque aussi l’importance de la divinité nationale Yahvé dans les cercles des élites de Samarie au huitième siècle. L’avènement de Tiglath-Pileser III en Assyrie se traduit par une plus grande agressivité et violence. Les vassaux Damas et Samarie, qui s’allient pour résister, sont écrasés par la puissance assyrienne, qui procède à des destructions et reconstruit avec le style assyrien. Quand Tiglath-Pileser III meurt, le roi Osée cherche à s’allier avec l’Egypte pour contrer l’Assyrie. Ce sera un échec, un nouveau siège et une nouvelle défaite pour Samarie, qui tombera en 722-720. Cette fois-ci, outre les destructions des structures autochtones et leur remplacement par des édifices par l’occupant, une partie de la population est déportée. Néanmoins, 80 à 90% des habitants restent ; certains se réfugient à Jérusalem, et le maintien des liens entre les exilés, les réfugiés, et ceux restés sur place permet de préserver une identité socio-religieuse israélite relativement homogène.
Au Sud, pendant l’âge du fer (troisième période, 720-539), malgré les accents très « judéens » de la Bible, le rôle du royaume est probablement assez discret jusqu’au neuvième siècle. Quand le royaume du Nord décline, son homologue du Sud se développe, sur les plans diplomatiques, politiques, mais surtout démographiques, avec la superficie de Jérusalem décuplée entre 735 et 698. C’est à ce moment que des ouvrages tels le tunnel de Siloé, la nécropole, ou encore les fortifications sont élaborés. L’Assyrie favorise le commerce et le développement de Juda, dont la loyauté est précieuse. La richesse provenant de la transformation des olives en huile se traduit par un développement économique et culturel ; les élites sont alphabétisées ; l’Etat, organisé, bénéficie des échanges grâce au contrôle des marchandises. 
Peu avant 700, Juda aura des velléités de rapprochement avec l’Egypte, voire d’indépendance. Le dirigeant assyrien Sennachérib (705-681) mènera des représailles, qui se traduisent là aussi par des déportations. Le royaume est dévasté, Ezekias ne règne plus que sur Jérusalem qui a échappé à la destruction ; son successeur Manassé reviendra au statut de vassal fidèle, réprimant toute opposition. Son règne long (698-642) traduit une stabilité retrouvée. Quand Josias accède au trône en 640, l’Assyrie n’est pas encore menacée par Babylone ; en 625, la pression de cette nouvelle puissance sera telle que les vassaux de l’Assyrie peuvent expérimenter une plus grande autonomie.
(...)
A la mort de Josias, Juda devient un royaume vassal de l’Egypte, alors que l’Assyrie est terrassée par Babylone. Les deux empires (Egypte et Babylone) sont au contact à Gaza en 601. Juda hésite… avant de se tourner vers l’Egypte. Ce sera le mauvais choix, sanctionné par un siège et une première déportation en 597 puis une seconde en 587 après la tentative du roi Sédécias de bâtir une alliance anti-babylonienne. Cette seconde déportation sera d’une grande violence, Jérusalem incendiée et le Temple détruit. D’autres sites, probablement moins hostiles à Babylone, sont préservés. La Judée devient alors une province babylonienne puis perse quand cet empire s’imposera en 539. Samarie reste le pôle central de la province, où subsiste la majorité de la population (seule une minorité a été déportée, évaluée à un maximum de 10 000 individus). Le culte yahviste persiste, une activité littéraire est attestée, que ce soit à Samarie ou à Babylone, car l’exil ne rend pas impossible l’application de pratiques sacerdotales telles le sabbat, la circoncision, ou le respect des fêtes comme la Pâque." 
Fiche de lecture de 1ère année de Licence, dans le cadre du cours Introduction à l'Ancien Testament de Corinne Lanoir
A partir de Macchi Jean-Daniel, "Histoire d'Israël, des origines à l'époque de la domination babylonienne", in Römer T., Macchi J.-D. et Nihan C. (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, 2ème édition, Labor et Fides, Genève, 2009 

A propos de l'histoire d'Israël, de Babylone à Jésus Christ

"Malgré une moins grande distance entre les faits relatés et les époques de rédaction des textes bibliques concernant ces faits, le constat est évident : la tâche de l’historien soucieux de reconstituer l’histoire du peuple juif est des plus malaisées. L’Ancien Testament ne saurait constituer une source suffisamment homogène et cohérente pour dresser une chronologie même subjective des événements. Qu’il s’agisse du retour d’exil et de la reconstruction du temple de Jérusalem, ou de la mise en place d’un certain appareil étatique et religieux, les livres constituant l’Ancien Testament (dans les différentes acceptions canoniques) comportent de nombreuses données divergentes entre elles d’une part, et avec les autres supports historiques disponibles d’autre part.
L’époque perse (538 à 330 avant Jésus-Christ)
Selon plusieurs récits bibliques, le retour d’exil avec la reconstruction du temple de Jérusalem correspondrait à un certain développement de la Judée. Les sources externes indiquent qu’au contraire, la province judéenne sous domination perse au sixième siècle avant notre ère présentait des signes de déclin démographique, et ne permettent pas d’attester que ce territoire de dimensions très réduites (40 kilomètres sur 50 environ), sans accès côtier et sans richesses particulières ait connu la période de prospérité évoquée.
(...)
L’époque hellénistique (333 à 63 avant Jésus-Christ)
Après la victoire d’Alexandre le Grand à Issos en 333 avant Jésus-Christ, la Judée change de puissance dominante. En 312, la province est intégrée au royaume lagide d’Egypte, vassal de l’empire grec. Pendant près de trois siècles, un processus continu d’hellénisation de la Judée est à l’œuvre.
(...)
Parmi les opposants à l’hellénisme, l’unité n’est pas toujours acquise non plus ; l’accession de Jonathan Maccabée à la fonction de grand prêtre provoque une scission entre Asmonéens et piétistes (les futurs Esséniens). Dans ce contexte, la littérature juive se fait le reflet des préoccupations de la société. Le genre apocalyptique connaît un fort engouement ; combinant prophétisme, eschatologie, et rédemption des élus, il construit une mystique d’espoir auprès de persécutés.
Anti-hellénistes, les Asmonéens issus de la révolte maccabéenne vont progressivement mettre en place un nouvel Etat, alors que la puissance séleucide s’épuise dans des combats internes et avec l’Egypte lagide. Les troupes d’occupation quittent Jérusalem en 141, sous le pontife Simon, qui se fait proclamer grand prêtre, stratège et ethnarque, ces titres étant héréditaires. Le sentiment national se renforce, sans que le statut de la province ne le reflète. La dynastie asmonéenne profite de cette liberté de fait pour mener une politique expansionniste d’une part, et de judaïsation forcée d’autre part. La population reste mixte, mais une majorité judéenne se développe. Pour autant, l’imprégnation de la culture grecque se poursuit lentement. Illustration de ces deux mouvements : la monnaie frappée présente une face en grec, et l’autre en hébreu. La société est par ailleurs toujours traversée de tensions, entre une aristocratie adoptant des habitudes grecques, et un peuple écrasé par ces mêmes comportements. La littérature reprend ces thèmes ; les livres de Maccabées, de Judith et d’Esther exaltent des héros nationalistes, en opposition à un ensemble de dominants compromis dans leur imitation du monde grec.
L’époque romaine (à partir de 63 avant Jésus-Christ)
Le royaume séleucide ne peut pas résister à l’armée romaine conduite par Pompée ; la Judée passe sous la tutelle romaine en 63 avant Jésus-Christ ; le royaume asmonéen disparaît quant à lui en 41, quand Hérode est nommé roi d’un territoire qu’il ne maîtrise pas encore."
Fiche de lecture de 1ère année de Licence, dans le cadre du cours Introduction à l'Ancien Testament de Corinne Lanoir
A partir de Sérandour Arnaud, "Histoire du judaïsme aux époques perse, hellénistique et romaine. De Cyrus à Bar Kokhba", in Römer T., Macchi J.-D. et Nihan C. (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, 2ème édition, Labor et Fides, Genève, 2009 

Zoom sur... l'Assyrie (Assur) et la Mésopotamie (Babylone)

"L'Assyrie est une oligarchie de commerçants. A partir du douzième siècle avant notre ère, et en particulier Tiglath-Pileser, les rois assyriens cherchent à étendre le territoire, sans que leurs conquêtes ne soient durables; les objectifs demeurent commerciaux. Le royaume d'Omri (Israël), soumis, se voit par exemple assujetti au paiement d'un tribut élevé. Au huitième siècle, Samarie refuse de payer le tribut et se voit assiégée puis défaite par l'armée assyrienne conduite par Shalmaneser V.
En 721, le roi assyrien Sargon II annexe Samarie et déporte la population; outre la dimension punitive du geste (qui concerne aussi d'autres peuples), le déplacement et le brassage des populations est recherchée par les dirigeants.
De 704 à 681, Sennachérib règnera sur Assur. Il fera notamment le siège de Lakish. A cette époque, l'Assyrie doit se battre sur plusieurs fronts: face à Babylone, face à certains groupes comme à Lakish, ou encore au sud face au roi d'Elam allié aux Phéniciens... En 690, Sennachérib fait le blocus de Babylone, qu'il noie après avoir détourné le cours de l'Euphrate; puis en 689, Jérusalem est assiégé."
Extrait du Séminaire itinérant Proche-Orient Ancien et milieux bibliques de Corinne Lanoir et Françoise Florentin-Smyth

Zoom sur... Lakish

Le site est localisé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d'Azéka.
Une fresque sur le siège de Lakish est visible au British Museum.

"Les fouilles découvrent plusieurs "niveaux", avec à chaque niveau une époque, une population, des usages...
Niveau supérieur: Ville judéenne du 8ème siècle fortifiée, au moyen d'un double mur. Le mur extérieur comprend huit bastions ; le mur intérieur est quant à lui une particularité. Il protégeait les côtés les plus exposés. Un bastion plus à l’intérieur protégeait une autre porte. Lakish est alors une ville de garnison ; un quart de la superficie est occupé par ce qui a dû être une caserne, avec un palais et encore des fortifications. Essentiellement des soldats, des cavaliers, un gouverneur. On y trouve également des temples. A noter, Lakish ne dispose que d'un seul accès, une rampe fortifiée avec côté droit (armé) de l’arrivant toujours visible de la muraille. 
Plus tôt, à l'époque du Bronze, Lakish était centré autour d'un temple dit « du fossé ». Une pointe de flèche y a été retrouvée, elle porte la plus ancienne inscription à ce jour mentionnant « Israël » (en proto-cananéen)
Entre 1550 et 1200, la structure du temple évolue, passant par exemple de 2 à 4 piliers. L'entrée devient latérale et non de face, ce qui permet de ne pas voir ce qui se passe à l’intérieur. Des banquettes sont disposées: pour l'offrande, ou pour servir de bancs ? Le matériel retrouvé par les archéologues est égyptien, ce qui peut s'expliquer par la proximité géographique; des sceaux portent des hiéroglyphes avec les noms de Toutankamon, Akhénaton, ou mentionnant des activités commerciales avec Mycène.
Un niveau plus ancien est celui d'un temple cananéen, où les offrandes sont effectuées avec des unités de mesure égyptiennes. Des dessins proviennent de la culture mésopotamienne, avec des inscriptions en proto-cananéen."
Extrait du Séminaire itinérant Proche-Orient Ancien et milieux bibliques de Corinne Lanoir et Françoise Florentin-Smyth

mardi 10 juillet 2012

Azéka, un peu d'histoire et objectifs de la campagne

La campagne de fouilles à Azéka est une initiative conjointe israélo-allemande, s'intégrant dans un projet du Département d'archéologie et des cultures de l'Antiquité du Proche-Orient de l'Université de Tel Aviv et du Séminaire de théologie de l'Université d'Heidelberg. Elle comprend un volet de fouilles archéologiques et un volet "théorique" (connaissances bibliques et historiques de la région des basses terres de Juda (région dite de la Shephelah)), pour tenter de faire la lumière sur quelques énigmes de l'histoire de cette région durant les premier et second millénaires avant notre ère.

La région de la Shephelah

Les activités humaines ont toujours été conditionnées par l'environnement. La disponibilité des ressources (eau, terres cultivables...), et le climat influencent le comportement de l'homme dans son environnement. Par conséquent, pour pouvoir appréhender l'histoire et l'archéologie, le contexte environnemental doit être pris en compte.

L'archéologie et l'histoire de la Shephelah pendant les périodes pré-bibliques

L'exploration archéologique et des sources historiques nous enseignent que la Shephelah était une région importante et centrale dès le deuxième millénaire avant notre ère. Nous avons l'intention d'explorer le patrimoine archéologique des sites fouillés comme Tel Lakhish et de documents écrits tels que les tablettes d'Amarna, afin de comprendre le contexte historique de Tel-Azéka.

La formation du Royaume de Juda dans le dixième et neuvième siècles avant notre ère

La formation de l'État de Juda était, ces dernières années, au cœur des débats les plus vifs. Les pièces et documents archéologiques et historiques ont fait supposer que Juda n'était pas un Etat complet avant le 9ème siècle, beaucoup plus tardivement que les règnes des rois David et Salomon. Les fouilles récentes dans la région des basses terres ont apporté de nouveaux éléments sur cette question, qui démontre le processus lent et graduel d'instauration de la monarchie et son expansion à partir de la montagne de Jérusalem vers les basses terres beaucoup plus fertiles.

Creuser Azéka - un site qui était une forteresse majeure de Juda à la fin du 8ème siècle - va certainement nous fournir de nouvelles données sur ce processus, la promotion des nouvelles théories sur l'ascension et la chute des royaumes du Levant territorial de la période biblique.

La campagne assyrienne de Juda en 701 avant notre ère

En 701 avant notre ère, la campagne de Sennachérib - le puissant roi assyrien - contre Juda fut un moment crucial dans l'histoire de la région des basses terres ainsi que dans l'histoire de Juda biblique, avec une grande importance théologique. Dans sa Lettre à Dieu, Sennachérib a mentionné Azéka comme "un nid d'aigle ... avec des tours vers le ciel comme des épées". L'impact de la campagne de Sennacherib sur Azéka n'a jamais été étudié, alors que les autres villes de Juda dans son voisinage ont été brûlées. Nous nous attendons donc à découvrir une ville fortifiée portant des marques de destruction massive, et ce en utilisant des méthodes modernes et des techniques informatiques afin de mettre en évidence sa signification.

La destruction du royaume de Juda, l'époque exilique et la région de la Shephelah à l'époque perse

Sennachérib en 701 avant notre ère a quitté le désert de la Shephelah. Les sources archéologiques et historiques montrent que la zone a retrouvé une activité par la suite. Nous allons explorer l'histoire politique locale et ethnique de la région à la lumière de la grande histoire "globale", incluant la chute et la disparition de l'empire assyrien, l'ascension et la chute de l'empire babylonien et la montée de l'empire perse.

Nous allons aussi découvrir des périodes ultérieures dans lequel Azéka a été occupée. Nous allons étudier la Shephelah au cours de la période hellénistique - y compris la citadelle hasmonéenne sur le sommet de Tel Azéka; la période romaine et les abris souterrains du site; les périodes byzantine et musulmane à Azéka et dans ses environs, et nous étudierons le rôle de la région dans la période moderne.

Le projet offre aux étudiants en archéologie l'opportunité rare de "creuser" le passé d'une société et de reconstituer des modèles de sa vie quotidienne antique et de son interaction sociale et politique.


(Traduction du site officiel de la campagne

mardi 3 juillet 2012

Budget du projet

A moins de deux semaines du départ, un petit point sur le financement du projet...
Son coût est d'environ 6300 euros.
Les dépenses se répartissent comme suit:
Quant aux recettes:
Un grand merci à nos soutiens:
  • le Pôle national de formation de l'Eglise réformée de France (1400 euros)
  • l'Institut protestant de théologie - faculté de Paris (1050 euros)
  • la fondation Pasteur Eugène Bersier (780 euros)
  • et toutes les paroisses et personnes qui contribuent, par exemple en nous achetant des cartes postales, des billets de tombola, des pâtisseries...